FRONTiere, MARCHes (7)

Italophonies…

Ainsi que l’avait fort bien synthétisé notre ami Flaviano Pisanelli dans le volume Antologie e poesia nel Novecento italiano (dir. G. Quiriconi), Rome, Bulzoni, 2011 – « Per una scrittura plurale: Modelli, immagini e lingua della poesia italiana della migrazione » (p. 403-43) – et ainsi que l’enseigne dans notre Département même Mme Brigitte Le Gouez, il existe aussi, de plus en plus, une expression littéraire en italien de la part d’écrivain(e)s venus d’ailleurs et vivant en Italie (ou du moins passés par la culture italienne). L’exemple que nous proposons ci-dessous, d’un jeune Camerounais ayant remporté plusieurs prix pour des textes en français ou en italien, illustre plutôt une « marge » de ce phénomène, celle du succès que rencontrent nos langues hors de toutes frontières. D’où le phénomène tout-à-fait nouveau d’une italophonie. Bien différente, cela dit, de la francophonie dont nous avons l’habitude : la fin du poème que l’on va lire dispense, à ce propos, de plus longs commentaires.

JcV

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– – – – – – – – – – – – – – – – Il viaggiatore (ricordo di Trieste)

di  Muriel NDZANA NGAH (Camerun)

 

Ho abbracciato con labbra d’Africa                         Avec des lèvres d’Afrique j’ai embrassé

l’Italia dalle città antiche.                                         l’Italie aux cités antiques.

Ne ho conservato il ricordo di nero inchiostro       J’en ai conservé le souvenir d’encre noire

nelle sabbie d’oro della mia memoria.                    dans les sables d’or de ma mémoire.

Trieste, città di cristallo, in un paesaggio di olio grigio !     Trieste, ville de cristal, dans un      paysage d’huile grise !

Opale di culture dal sapore di ciambella !               Opale de cultures au goût de ciambella !

Ho abbracciato vite                                                J’ai embrassé des vies

nel cuore di castelli addormentati.                          au cœur de châteaux endormis.

Ai loro piedi si è appena infranto il mare                 À leurs pieds s’est à peine brisée la mer

portando con sé lo sguardo sognatore                   apportant avec elle le regard rêveur

dei poeti illustri che un giorno come me lo hanno frequentato     des poètes illustres qui un jour comme moi l’ont fréquentée

e  il cui spirito in versi o  canzoni                             et dont l’esprit en vers ou en chansons

inonda  l’attenta sentinella.                                     inonde l’attentive sentinelle.

Ho abbracciato sulle labbra amiche                        J’ai embrassé sur les lèvres amies

la storia, la perduta passione nel cuore tradito di una donna,    l’histoire, la passion perdue dans le cœur trahi d’une femme,

quando viene a mezzanotte a piangere d’amore sulle rocce         quand elle vient à minuit pleurer d’amour sur les falaises

che l’hanno visto svanire nell’aria, come un uccello che perde le ali,   qui l’ont vu s’évanouir dans l’air, comme un oiseau qui perd ses ailes,

trasparente nel suo lungo abito bianco.                transparente dans son long habit blanc.

Come ci si somiglia, Dama Bianca!                     Comme on se ressemble, Dame Blanche !

Anche io sono partito, svanendo nell’aria, piccolo colibri fragile per trovare le mie ali      Moi aussi je suis parti, évanoui dans l’air, petit colibri fragile pour trouver mes ailes 

e volare con altri volteggiatori della parola nelle trasparenze delle acque e del cielo.       et voler avec d’autres voltigeurs de la parole dans les transparences des eaux et du ciel.

Io ho abbracciato, figlio di Césaire,                       J’ai embrassé, moi fils de Césaire,

il meticciato dell’essere e delle cose,                    le métissage de l’être et des choses,

in cui l’amicizia sfiora il profumo delle rose            là où l’amitié frôle le parfum des roses

e dove i tracciati sono quelli dei cammini degli uomini        et où les tracés sont ceux des chemins des hommes

e non quelli delle frontiere.                                     et non ceux des frontières.

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(M. Ndzana Ngah : premio Castello di Duino 2011, per Horizons bouchés ;

2° prix  – L’Essingandu Camarœs – de poésie, Yaoundé 2010).

– Il a été formateur à l’Ecole Africaine pour la Paix (Yaoundé, Cameroun). –

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Archive : M. Colbert Akieudji, Enseignant-Chercheur à l’université de Dschang, a publié un article récent sur l’enseignement de l’italien au Cameroun (« Le cas de l’Université de Dschang« ) qui peut constituer un utile complément à cet épisode de la rubrique. Voir : L’Italie vue d’ici – La traduction-migration II (dir. A. Tosatti & J. Ch. Vegliante), Paris, L’Harmattan, 2012. Et site .

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Rencontre avec Igiaba Scego

Voici une invitation de « La libreria » pour une soirée à ne pas manquer

Vendredi 23 mars 2012 à 19h

La Libreria est heureuse de vous convier à une rencontre avec une auteure italienne singulière : Igiaba Scego est une jeune femme talentueuse et bourrée d’énergie, née à Rome dans une famille d’origine somalienne, ce qui donne à ses écrits une couleur et une saveur bien particulières. Elle collabore avec de nombreuses revues ainsi qu’avec les quotidiens en freelance. Son regard sur l’Italie d’aujourd’hui et sur sa culture est forcément original et elle le partagera avec nous, en compagnie d’une de ses amies, italienne, monteuse de cinéma, réalisatrice de documentaires, Erika Manoni. Deux femmes de tempérament et d’avenir pour une Italie nouvelle! La rencontre se déroulera en italien. Nous vous attendons nombreux!

Bibliographie:

La nomade che amava Alfred Hitchcock, Roma, ed. Sinnos, 2003
Rhoda, Rome, Roma, ed. Sinnos, 2004
Pecore nere. Racconti, insieme a Gabriela Kuruvilla, Ingy Mubiayi, Laila Wadia, ed. Laterza, 2005.
Quando nasci è una roulette. Giovani figli di migranti si raccontano, ed. Terre di Mezzo, 2007
Oltre Babilonia, Donzelli editore, 2008
L’albero in Nessuna Pietà, Salani editore, 2009
La mia casa è dove sono, Milano, Rizzoli, 2010

LA LIBRERIA

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