Encore une traduction collective…

… en attendant l’ouverture de notre Master-Pro.

Cette année, un groupe d’étudiant(e)s de L3, entraîné(e)s par Constance Garby, Eléa Tall et quelques autres, en complément d’une étude approfondie de poétique (à l’enseigne de la « Mémoire du poème »), a travaillé à la traduction en vue d’une édition du court poème de Carlo BETOCCHI (1889-1986), inédit en volume – Poèmes épars. La structure très classique du texte (un carré parfait, 10×10, non exempt de « rimes » au sens moderne du terme : assonances en -A principalement), imposait d’emblée la contrainte d’une forme régulière, par où est donnée la première (essentielle) signification de toute poésie.

Betocchi e gli alberi

Betocchi e gli alberi

Ce texte avait déjà été traduit par l’équipe « Une autre poésie italienne » (CIRCE), en vers de 11 positions. On peut lire cette version, très différente, dans le site de l’équipe. Les étudiant(e)s de L3 ont effectué de longs et subtils essais en 12 (dodécasyllabes, pas toujours « alexandrins ») et en 10 positions ; par exemple, le premier vers a longtemps été « La feuille vague lentement au fil de l’eau » (trimètre). Cet atelier, ou laboratoire théorique-pratique, a bien sûr servi aussi à affiner la lecture même du texte original – comme d’habitude, la traduction est d’abord ce que nous appelons une « hyper-lecture ». Leur choix définitif a été pour le décasyllabe, ainsi qu’on va le lire ci-dessous.

Nous espérons, secondairement, qu’un éditeur français se décide à offrir à ce très grand poète du premier Novecento l’édition bilingue à laquelle il aurait droit Ed. Lucie(voir aussi :

)…

.

La foglia vaga lenta su per l’acque;

canta il verde degli alberi; la macchia

lungo il fiume sta in ombra: il cielo splende.

   La terra avvampa al sole che la spacca:

   punto d’ombra remoto entro la stanza,

   son io co’ miei pensieri: e tutto esiste,

   il mio sentire occulto e vago in ombra,

   e l’insorgere in esso dei grand’alberi,

   il fluire dell’acqua, ed il giacere

   ardente e senza dubbi, arso, dei campi.

Carlo Betocchi
(Poèmes épars ; premier titre « Siesta »)

La feuille vague, lente, sur les eaux ;
chante le vert des arbres ; les broussailles
le long du fleuve à l’ombre : le ciel brille.
La terre brûle au soleil qui la fend ;
lointain point d’ombre au-dedans de la chambre,
c’est moi et mes pensées : et tout existe,
mes sensations cachées, vagues dans l’ombre,
et l’irruption en elles des grands arbres,
l’écoulement de l’eau et l’étendue
ardente et sûre, desséchée, des champs.

trad. : groupe L3 (EIR), 2013

(scripteur : JcV)

Une réflexion au sujet de « Encore une traduction collective… »

  1. Bravi/e, ragazzi/e ! Que ce premier beau galop d’essai se transforme en un long marathon semé de broussailles et d’illuminations poétiques…

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